En plein travail d'écriture,
je remue et remue encore des tas de brouillons,
retrouve celui là, qui a peut être déjà été publié ici,
ou sous forme de fragments, ailleurs, autrement.
Foyer,
fanzone, nasse, bureau etc etc. Après deux verres je me permet de
tout recoller. Après deux verres j'ai oublié la censure que je
m'inflige. Après deux verres je n'en n'ai plus rien à foutre. Au
centre, la séparation. Au centre, du monde. Tout autour, des
émeutes, pour rentrer ou pour sortir, pour partir de là.
Il
fallait occuper le temps, couper l'herbe avec les mains, regarder les
voitures passer, poser des clous sur les routes, pour voir les choses
s'arrêter, faire des puits. On se donnait rendez vous à la butte ou
sur le terrain. Je voulais faire parti du groupe AD.
Mais
je suis né à la fin.
On
faisait des tours, nous parlions, nous mettions le feu. Pas d'écume,
pas de digue, où la route, le rond point, des caillasses. Pas de
lyre. Des objets, qu'on reçoit, des jeux qui occupent. Il se passait
souvent quelque chose. Quelque chose était incertain comme le
quotidien de tous.
Une
bagarre, un accident, une fête, un anniversaire ou un incendie. Il y
avait plus d'enfant que d'adultes dans le quartier. Notre quartier de
coin, quartier de rue, de ville, quartier de cité, notre quartier de
monde. Nous étions tous locataires, loyers modérés. Le feu ne
prenait pas tout le temps.
Il
fallait courir sur le chemin de l'école. Commencer par ne pas
vouloir y aller. Il fallait se planquer, ou courir. Les objets
circulent, les couteaux, les briquets, les mortiers. Nous fêtions
par ennui le quatorze juillet presque tous les jours de l'année.
Nous n'avions pas de lieu. Le présent et le passé se confondent.
Nos
excès d'ennui semblent régulés ; nous nous battons entre
nous. La modération des loyers devrait modérer nos colères et nos
révoltes. Un quartier est un morceau, une part, la part maudite.
Certains vont de part en part, sans lieu, mutés toujours mutants,
inappropriés au monde de l'abondance ou simplement déplacés,
d'autres habitent le quartier depuis une, deux, parfois trois
générations.
À
l'école, nous regardons les cloportes dans les boites avec de la
terre. Les cloportes se cachent, rutilants. À la maison je dessine
un cheval de Troie. Je contourne le bois, planches, une à une,
naissance de la mythologie. On se réfugie, sous un arbre, dans un
arbre, un coin, une rue, un garage, une forêt, une feuille de
papier.
Longer
les sillons tracés dans la terre, pour y trouver des morceaux
d'amphore ou de tuile, à la recherche d'un passé, d'une histoire,
longer les routes, aller chercher les œufs, longer les murs,
s'éviter.
_