-Voila bien longtemps que je n'ai pas publié mes textes sur cette page. Je publie le travail en cours sur le site Armée noire de Charles Pennequin. Mais parfois c'est un peu de chemin. Alors aujourd'hui quelques extraits, dont certains prennent part à l’Anthropologie des jours . Le titre n'est pas définitif et les textes ne sont pas corrigés. Nous sommes en septembre, année quatorze, siècle vingt et un, j'ai vingt ans plus six autres.
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Tout
croise. Se croisant le faire. Se croyant dedans. Autour de force à ne
dire mot. Au tour de qui. C'est à qui maintenant. Le mot falaise. Celui
qui choix plus qu'un autre. Le bien tombé. Celui qui l'a. Sisyphe. Le
bien portant. Vers quoi il pousse. Son tas de mots. Sa tourmente
acceptable. Rebond prévisible, on ne sait jamais. Sa pâte de poids. Sa
matière de sens. Grise. Tout ça tout choie. On nous donne le choir. Et
les mots se chourent. Se font la malle. S'emballent se mâchent se
méprennent. Grise. Se fondent. On se demande à tour de rôle. À tour de
bras. On se met mot au murmurant que tout choie dans l'entourmement. Le
mot en rôle plus d'un. Et ça se refile vite. Le mot entre. Se défile.
Sans attendre la corde raide. Sans jeu. Gravite grimpe grince grouille
grabuge gras comme en gros, mot-montante, inversé du dépassement.
L'entourmenté gis entre des lignes silencieuses. Profile sa marche
boiteuse, arythmique. J'aime le mot lacune. Il n'y a pas assez de mots. Dans la profusion comme dans le manque. La parole est terrifiante.
( les
points de fuites peuvent. Et la matière assemble. Chaque phrase est
passée, dans en ensemble confus. Au dehors, quelques arbres, d'autres
horizons. La lumière du jour, électrique, nucléon. Fuite, non. Archers,
en ligne, contournent. )
Je
cherche à me souvenir des mots d'hier, tous ceux que je n'ai pas pu
prendre, noter, mettre à l’écart, bien au chaud, ceux que je n'ai pas pu
retenir. Je me rappel la nuit, un trajet de nuit, ces trajets de nuit,
où les arbres sont blancs et le reste un jeu d'ombres, éclairé par les
lumières artificiels des hommes, quand chaque lieu devient scène et
l'herbe d'un vert presque plastique. Seuls les images restent où l'on
est sur que rien ne tienne. Et l'inquiétante étrangeté devant laquelle
on passe, regard fixe, ni plus, ni moins. On se dit que la répétition
n'est pas un but, ni méthode, ni fin en soit, que le ressac est celui de
la langue, celle qui vient s'échouer dans l'irrégulier que nous sommes,
celle que l'on cherche, encore. Quand à la faute, on aimerait bien
penser qu'elle passe, qu'elle n'est pas notre, qu'elle était là déjà, ou
la leurs. Mais il faut tout prendre, tout embrasser, tout retenir,
devenir faute si il faut, créer des lacunes. Je cherche à retrouver la
langue de la nuit dernière mais il y a le vide. Tout est clair alors,
l'écriture est un manque à combler par l'écriture, mais on est pas sur
d'avoir été compris. Que résiste t-il ? Et si chaque échange est vain,
pas tous, oui. C'est le trajet qui tiens. Une route nocturne, grandes
lignes blanches sur la droite, petites lignes blanches sur la gauches,
plus nombreuses. La rythmique de notre siècle, partition et le sommeil à
porter, en bande d'arrêt, d'urgence.
Une femme à lu un texte sur les fleurs. Un ressac sur les fleurs. Je porte des fleurs. Je porte des fleurs en collier. Je ne sais pas de qui est ce texte. J'ai pensé à Charles ou Christophe. La lecture était plate comme je les aimes. Une lecture plate et involontairement plate. C'est à dire sans rien d'autre que la voix qui porte les mots. Une voix sans intention. Une voix qui ne sait pas ce qu'elle lit.
C'est comme cela que je lis. Sans intention. Je li en essayant de
comprendre mais le son de ma voix empêche le sens de la phrase. Alors je
li sans plus. Il faut lire sans plus. Et j'ai entendu lire sans plus les fleurs portés au coups.
Et je me suis senti peu de chose. Dehors brûlait un four en papier. En
papier, de grille et de bois. Un four, en papier de grille et de bois
brûlait.
Mon œil est
celui de la porte, fixe, le jaune, la teinte, le gros. Je lourd. Et
lent. Je calme. Car lourd. Je pèse. Creusant. Sillonne, sans regarder.
Je suis. Trace. Je ligne. Sur le chemin de mes propres pas. Je défais ma
trace. Je repousse. Le souffle chaud est celui que je traîne.
Gravement. Et détaché. Un hiver sec et pâle me couvre. Estompe mes
sillons. Étouffe le bruit de mes fers dans la terre. Mon pas lent est
invariable. Je ne parle pas. À la mesure des saisons. Je tire. Je terre.
Je tisse. Chaque boucle est une pause. Le retour à la ligne. L'inverse
du sens. Mon semblable frêle ramasse, cueille. Il se plie, petit. Courbe
sous la branche, fait des tas. Poursuit. Nous croisons les mêmes
habitudes. Amasse. Et la rythmique des champs. Perpétuel, condition,
mouvements, saisons. Rien de clair, hors mis la boucle. Nous tournons
dans le temps nous retournons la terre. Nous nous mêlons au monde comme à
la chaîne.
Je
fais des allers et retours. Je ne suis pas la nature. Je ne peux pas la
suivre. Je suis allergique à la nature. Je est un prétexte. Je fais des
tours. Je tourne. Je ne suis pas naturel. Mon comportement est
perturbé. Je tourne autour. Je fais des boucle. Je bouche. Je boucle. Je
reviens. Je fais ce geste perpétuel. Je ne suis pas nature. Mon corps
est contre nature. Je me vide. La nature me rend malade. Entre la
graphie et le verbe j'incante. Je fais des ronds. Des rotations. Je vais
sans fin. Comme le temps. Je reviens. Je creuse, sillonne. Un geste
perpétuel. Un langage. La nature me repousse. Tout ce qui se développe
m'écrase. La nature est mon inconfort. Je suis dans l'insupport.
J'éternue. Je me vide. Je me vide de l'air je me vide de l'eau par les
naseaux je me noie. Il n'y a rien de naturel à se noyer de l'intérieur.
La nature m'empêche de sentir. Quand j'aspire j'expire. Je ne peux rien
prendre de la nature. Je ne peux que rendre à la nature. Me rendre à
elle. Si je sort je m'enferme. Elle m'étouffe. Je l'envie. Elle me
vente. Je m'assèche. La nature me gratte. L'air épais et lourd, l'air
granuleux me gratte. L'eau me brûle elle me plaques. L'eau est ce corps
incandescent en moi. Je voudrais m'éteindre. Mon corps et la nature ne
font pas bon ménage. Je me tiens à distance. Je suis à distance de la
nature. Mon corps fait chambre à part. La nature partout me gratte.
M'irrite. Je peux émettre et recevoir mon propre poison. Je ne suis pas
étanche. Je fais des boucles dans le temps et dans l'espace. J'oublie le
corps impossible. Je ne m'arrête pas. Je porte en moi un lieu à risque.
Je supporte. Je boustrophe en un sens je lasse puis dans l'autre. Je
vais, je viens. Comme un chant. Je renifle, respire, fragmente. Vivre ça
ne va pas de soit. Je porte le courant dedans. Je suis contre-nature.
Je
suis une rumeur au monde. On se lève le matin pars que rien n'y fait et
que la nuit ne promet rien. On a le visage chaud et tout gonflé, blanc.
On enfile un truc et on file dehors. Dehors le visage chaud est caressé
par l'air froid. Mes pas projettent sur moi l'air froid du matin. Il
n'y a pas d'orangers. C'est dix euros les deux kilos. Automatiquement.
Le sac plastique coûte trois centimes. On ne prend pas de sac,
finalement. On aimerait bien tout casser en partant. Tout caresser. On y
pense. C'est pour faire du jus. Portes, automatiques. On se dis que le
monde va. On traverse les gens pressés. On pense aux oranges. On marche
sur la route. On est à la route. On marche sur le monde qui nous écrase.
On se dit qu'il y a un problème. On se demande. Je suis une rumeur au
monde. Le matin il n'y a pas de champ. Je suis allergique aux fleurs. La
nature ne m'aime pas. On a pas peur de la mort. Pas celle là. Le matin
on se rendors. On éprouve l'ennuie dans le rêve. On se sent seul. Je
suis une rumeur au monde. On ne comprend pas. On cherche une bonne
raison de se camoufler. De justifier sa position. Dès le réveil on nous
empêche de mourir. Dès que le jour vient on n'y manque pas. On peut
disparaître. On se réveil. On sort. On file. On rentre. Et la journée
peut bien passer. Faire ce qu'elle sait faire. On ce n'est pas nous,
dis-je. C'est sûrement un moi caché entre elle et lui. Quelque chose qui
me pousse à dire. On pousse tout pour dire. Il faut bien balayer,
déblayer tout ça pour dire. Un tas de crasse qu'on balaye comme pour
respirer. Respirer que l'écriture ne parle pas d'elle. S'asseoir.
Affirmer qu'on est assis. À l'intérieur du tas de crasse qu'on est de la
veille. On a froid dedans. C'est la fatigue. Je ne pense pas le commun
car je ne pense pas à moi. Je pense au commun comme je suis aux
pluriels. Et qui sait lire. Quel accord entre nous. Quelle entente. On a
beau dire. Le débat est tronqué. Le débat n'existe pas. Tout ne parle
que de soit. Et on pense l'autre comme le filet d'orange à dix euros. On
pense le sac à porter. On pense la route à laisser. On pense la fleur à
donner. On pense que la parole c'est eux. On est blessé au fond. Je
suis une rumeur au monde.
L'histoire
du silence publique est ce qui a lieu. Dans un fracas général la parole
est libérée. Publiquement on porte le silence. Nous sommes l'absence
publique. Nous sommes l'histoire du silence. Publique est cette chose
froide et silencieuse. On revient dessus. On repasse. Une somme de
suspends en cours est cette longue histoire de l'humanité silencieuse.
Courbé, tenu au silence publique. Nous sommes l'histoire absente de
l'humanité. Nous rendons l'histoire de main en main. Nous sommes le
passage. L'humanité passagère effacé publiquement. Nous portons
l'histoire silencieuse de l'humanité.
Dixième jour : Le
langage on boit. On boit pour retrouver sa langue. Une langue erroné.
Je bois toute les langues. Je suis assoiffé sec comme un muet. Pour
libérer je m'enferme. Je m'enferme dans une bouteille pour libérer la
langue qui est en moi. Je rentre ma langue dans l'eau. Je me bois tout
entier je me noie. Je choisis d'aimer ça c'est à dire que je cherche à
me noyer. Dans la langue j'ai trouvé noyade. La parole coule. Les mots
dans un vers. Tout au fond. Jusqu'au prochain. Je bois jusqu'au presque
dernier. Je liquide jusqu'à l'avant fin. Une tourné de plus et c'est le
point. La langue qui tire vers l'intérieur. La langue qui rentre. La
langue qui rentre et fait sortir. De l'’excès de langage au rejet.
Onzième jour :
Ça vient. Il faut que ça vienne. On va dans un coin. On fait venir. On
est à deux doigts d'y mettre du siens. On est à deux doigts de se nouer.
On fait venir. Il faut que ça sorte. On est dans un coin. Pas vraiment
planqué. Le coin de tous. Le coin publique. Le petit coin. Celui qu'on
passe. Par lequel on à besoin. Au fond tout remonte. Tout reviens. Les
heures passées ressortent. Prendre la tasse à l'envers. Ce faire sortir
tout dedans. On est à deux doigts de la chute. On y est presque. Enfin.
Ça y est. On a tout rendu. Rendu l'autre et sa bêtise. Rendu l'âme et
ses souvenirs. Son invention. On à redonné au coin dans le fond tout ce
que l'autre mérite. On à rendu le mérite. On à passé la main. Plus
besoin de main. On a des idées. On ne récupère plus. On refuse. On
recule. On affirme. On est debout. Prêt.
Dans
le tout petit salon de sa nuit il se lève et prend son tout petit
déjeuné. Il repense à la nuit qui n'est pas si loin il se dit que la
nuit hélas n'existe plus. Il se demande d'où ça vient le matin d'où ça
sort tout ça il se tiens là. Il choisi d'être triste ce matin. Dans son
tout petit fort intérieur il est assis il s'assoie à l'intérieur de lui
pour essayer d'y trouver les restes de sa nuit. Ce n'est pas le sommeil
qui se poursuit ce matin c'est bien sa toute petite tasse devant lui qui
fait dire que ce n'est pas le sommeil qui manque qu'il se dit. Mais
quelque chose ne va pas quelque chose est resté de la nuit la nuit n'est
pas passé pas tout à fait. Ce matin c'est décidé il laisse tout tomber
de la tasse et du petit tout qui fait corps en lui. Chaque chose en son
temps se dit il mais lui n'en n'a plus. Il n'a plus le temps de voir le
jour pas l'envie ni la tasse ni la nuit. Quelque chose est resté. Ce
matin il a décidé de boire sa tasse sans y penser. De ne pas y aller. De
boire la tasse. C'est un tout petit jour qui se lève sans lui. Un gris
sans raison, la nuit n'est pas si loin.
Elle
exhorte sans savoir le mot elle – C'est la révolte la vrai la révolte
des droits la révolte au bout des doigts le voltage et le plasma c'est –
Elle assure qu'elle est entité elle assure qu'elle non n'est pas image
comme – Mais le mot c'est rattrape et on oublie le sujet devant le tu et
tout ce qui suit – Elle s'insurge contre elle – elle se suit
Septième jour : On
se lève, on change ce qui déborde, on fait chauffer l'eau, on se
penche. Retour sur le plan horizontal, faire tourner, rassembler, donner
cycle, donner suite, noircir, tourner, faire tourner, rotation longue,
poursuite rotation, dessiner la matière, vers l'opaque.
Il
assure qu'il ne sait pas. Convaincu du peu. Chaque silence est séparé.
Il dit qu'il doit poursuivre. Comprendre ce qui fuit. Les voitures se
succèdent, comme seul paysage, des voitures et les moteurs dedans qu'on
imagine prendre feu. Il faut brancher ça dans ça et ensuite seulement ça
va marcher. Ce sont des civilisations qui bâtissent un monde ou
l'enfermement est rassurant. En faisant un petit jeu de la main, il
mimait un levier qu'il tournait et faisait simultanément lever son
majeur. Un signe sans doute. Le regard n'était pas celui de
l'indifférence, plutôt celui de la fougue, elle laissa glisser sa main
sur son bas ventre, il frissonna, elle le démis de tout apparat, avant
de le dévorer. Quoi d'autre que du linge sale et quelques babioles à
peine bradées, la littérature mon pote, je ne sais pas ce que c'est, et
la poésie mon pote, c'est une résistance. Le chemin était long et
périlleux, un sac d'une vingtaine de kilos sur le dos, pendant trois
heures, à quelques centaines de mètres au dessus des routes, regarder
plus bas c'était tomber, avancer, ne pas s'arrêter, suivre la mécanique
de la marche, des jambes désormais détachées de toute information
nerveuse. Faire de l'art brut une culture c'est se foutre de l'art brut,
c'est être bonimenteur, représentant, c'est faire comme, c'est me
provoquer. Au bord du lac, de la vase, des algues, quelques objets
flottants. Il collectionnait les bouteilles vides, au cas ou un jour il
devrait les remplir d'essence.
Huitième jour : Corps lourd. On a mal.
Un
vélo retrouvé dans le fond du lac. Il n'avait rien à raconter, restait
là, silencieux, regardant le mur, un mur simple, sans plus, rien
d'apparent, pas de fissure, ni petites accroches, seule particularité,
sa triste neutralité, il restait là, bouche fermé, il se demandait si il
fallait écrire encore, ou faire image, tracer, courbes, l'image ou le
mot, la musique ou le langage, le déchirement. Plus Stéphanie
s’approchait de l'arbre plus l'arbre reculait. Il demandait à tous de
noter la formule suivante. Sur les pas de ces ancêtres, c'est à dire
dans la boue, avec la tête surtout. Elles attendaient le bus, devaient
avoir seize ans, elles en faisaient trente, grises, camouflées ou
presque, par une graisse de poisson criarde, coulante, comme tout ce qui
dépassait, elles subissaient la gravité, là, au milieu de la zone
industrielle, un bus qui ne passera pas, la gravité de leurs temps. Il
n'y a pas de ciel ici, mais une bâche grise, uniforme, monochrome, pas
de vent, et l'impression d'étouffer. Étouffer d'une température moyenne
dans une ville moyenne, ni trop ni pas assez, jamais ce qu'il faut,
c'est ce qu'elle dit, elle dit aussi que rien ne va. On se demande ce
qui ne tourne pas rond. Tout autour part en couille. Une population qui
se méprise, qui perd son langage, la vulgarité qui gouverne, les grosses
bagnoles qui se multiplient, une pauvreté qui se normalise, diffuse,
comme les relents de haine et de mépris, des visages effrayants. Cinq
pintes, un grand verre de Mescal, une quinzaine de cigarettes, un
lendemain sec, pas l'ombre d'un doute, l'assurance de l'ivresse, un
débit fatiguant. Elle prétendait tenir entre ses mains la preuve d'une
suite logique, une somme de conséquences à durées déterminées,
déterminantes. Il s'était employé à la destruction de se monde, on le
disait travailleur indépendant. L'ours et l'oie continuèrent le chemin
ensemble en se donnant la main. Mais ce n'est pas tout s'écria t-il,
j'ai pu noter : onze heure, café, détour vers pont de sève, disparition
puis réapparition seize heure, retour.
Neuvième jour : on oublie, on se remet. Ça repart, comme hier. On y peut rien.
Le
sixième jour : sera le plus long, le plus lent. Un grand silence celui
du vide. Du rejet. Celui de l'absence et de l'abstention, celui de la
disparition. Le jour du retour, le trop, le déjà vu, le prévenu. On
continuera à décrire ce qu'on ne voit pas, la poursuite du temps qui
nous échappe, on y peut rien, on continuera, de dire qu'on n'y peut
rien. L'alarme retenti dans toute la ville, c'est le premier mercredi
du mois. Absent, abscons , absous, absolut trou.
Quinzième jour : Nous
sommes tous à porté de rire, dans le vomis d'autrui. Nous avons les
gueules tordues, des vêtements sales, nous nous mordons les dents. Nous
sommes à porté de tire. La chaire. Il dit pouvoir foutre en l'air ce qui
ce dit. Tout défoncer le mot. Mettre le mot en trou. Puis en faire tout
un tas. Un tas de trous pour ainsi dire. C'est ce qu'il se répète de
jour en nuit. Dans son manque. Qu'il faut qu'on se tire. Et qu'on se le
dise.
Que remplacera – et les longues vagues amers, virgule. - le sentiment du bruit. -
De vastes étendu sombres – en attentes, l'avant verre. Fin
Plates droites propres les voies – Ne suis pas maître ni maîtrisible
La poésie à choix la poésie à choir et ses concours de contours -
Gagnants ou perdants tous – à la scénette – bourdon : je suis chuchot l'oublie
Que oui la langue fait voix jusqu'aux yeux et le truc en l'air sur – mime
Mais le sens non du décors et le là tout fait tout et cetera tourne
Sans concession – pas le, ni la, - Vivant le poing dedans haut , de résistance. Combat.
On
entend encore le bruit de la toux. Un ciel gris poussière. Air huileux
et collant. Vent solide. Une toux grasse et épaisse, à chaque effort
c'est un organe qui se décroche. Nous sommes à porté de tous. Nous
comptons les absents. On fait des tas. Nous avons les gueules. Un tas de
trous. Porté par le rire d'autrui. Nous et le langage à porté. Celui
qu'on dit. Qu'on chante en cœur. Jusqu'à la fin. On
a le langage dans la main à porter et le fusil dans la bouche. On parle
dans le trou de la distance. On parle le langage des trous. On vise la
langue. On se déploie. Nous sommes dans la boue. La boue est en nous.
Dans son manque. Nous nous engageons dans le trou comme dans l'avenir.
Nous sommes à porté de la langue. On appuie. On s'épuise. On creuse. On
va chercher. Rien n'y fait. On s'y est mis. On s'y est fait. On a tiré.
On s'est démis. Démissionné. Nous y venons. On a plus rien. On nous as
dit. On nous a. On nous a eu. On a bien rie. On est bien seuls. On
s’éteint. On est bien. On a fait feu. On s'est étreint.
À
vie. Je combattre. Me cogne. Aux possibles et droit dedans. Bastonne le
quotidiens. Je combattre. Étouffe le jour qui vient. Qui cogne. Un gros
coups de vie. Une branlé au reste. Je combattre. Latte la nuit qui
passe. Rentre dedans. Cogne. Je combattre. Contre et pour les contres.
Direct. À pas moyens. À poids des mots. Je combattre. Lourd. Deviens
mouvant, cogne l'eau. Suis liquide. Mur. Je combattre. À vie.
À boue portante.
On
est dans la boue. La boue est en nous. Nous sommes lourd écrasants,
chargé de siècles. Force de trop s’estompe, nous avons l'envers. Nous
broyons la lumière. On est ombré. Tout tombe et nous faisons face. La
boue nous porte et nous la portons. Comme une mise en bouche étouffante.
Nous avons ôté le fer des sillons. On collectionne le fer, on échange
le fer, contre le fer. Nous ne voulons rien quitter. Au matin pourtant
tout change. Et revient. Les soutes, les chaînes, les chiens, les chars.
Comme dans l'image mais en bruit. Nous fardeaux. Nous en ligne. Nous en
chiffre. On coincé. Nous l'histoire. On passé. Le temps déborde, en
fuite la vie. Vous ignares vous séniles vous canins. Nous la boue puis
plus rien. On est bœufs aux yeux loin. La poudre en bouche, à boue
portante.
...
La terre l'épuisait et il épuisait la terre. Ces constellations de cris
mêlés. Ces nappes berçantes. Ce faux silence c'est la grâce qui plombe.
Fulgurance, au matin c'est la glace qui tombe. Il avait ouvert la
porte de l'autre monde . Celui où certains se perdent. Il avait ouvert
la porte seul. Affronté ses cents visages changeants, son propre reflet
moqué. Affronté l'image tournante de ses démons. Tout petit, témoin de
son temps. Témoin de la chute possible des siècles. De l'écroulement des formes.
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