EXTRAIT DES NASSES
dans ART PRESS février 2017 !
critique et lecture par Véronique Bergen.
dans ART PRESS février 2017 !
critique et lecture par Véronique Bergen.
un grand merci à elle,
à Laurent Cauwet
aux lecteurs,
aux lanceurs de pavés.
à Laurent Cauwet
aux lecteurs,
aux lanceurs de pavés.
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JUSTIN DELAREUX OU LA POÉSIE-INTIFADA
par Véronique Bergen.
par Véronique Bergen.
Explorant l’écriture, les arts plastiques, la musique, Justin
Delareux livre avec Extrait des nasses un texte-intifada vertébré par la
faim d’un autre monde. Brûlant d’un feu post-situationniste, ce
texte-projectile performe ce que son titre annonce : l’extraction hors
d’un monde rongé par la domination. Au fil d’une poésie insurgée, ce
texte désentrave, déconstruit par un langage-acte ce qui nous
emprisonne, lâche des flux de vie arrachés au régime de mort programmée.
Si la nasse est un piège dont il faut s’extirper, tout est nasse, le
système, le texte, le sujet. Si la nasse est un outil d’aliénation, une
technique étatico-policière, elle est aussi une « machine de guerre »
(Deleuze) qui se retourne contre ce qui amenuise nos libertés. «
Écrivain en état de siège », l’auteur dispose une machine de guerre
scripturale qui élit la forme du fragment ou, plus exactement, comme
l’écrit Gleize, une « écriture « à fragmentation » ». Dans le maelstrom
du texte, Tarnac se lève. Jouer Tarnac contre le tarmac des existences
asphyxiées, c’est faire du texte un projectile. Delareux lance des
phrases-rivières, retournées à l’état sauvage, des phrases-harets qui,
ouvrant des brèches, activent un chant de vie. Parataxes, morcellement
syntaxique, clins d’œil à Debord, Extrait des nasses invente un
dispositif verbal incendiaire, un manifeste poético-politique de survie
qui bêche les mottes de mots comme on retourne une terre. « La vie qui
nous est proposée ne nous va pas ». Se chercher un autre temps libéré,
c’est écrire pour ce renard « croisé sur la route de Tarnac », attaquer
ce qui déboise les pensées et les corps, faire pousser des ronces sur
les déserts de béton. Saluons la puissance d’un texte-sécession qui
riposte à la mécanique grippée du temps, au spectaculaire intégré par un
chant intempestif.
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( Extrait des nasses, préface de Jean-Marie Gleize, éditions Al Dante, 63 p., 10 euros. )