22 juillet 2017

La solitude est commune


Quelques vues d'ateliers
dessins et travaux d'été
 juillet 2017



 toile libre
acrylique et encre préparée
160x120cm, 2017




des paysages disposés 
toiles libres assemblées
en cours



Renversement (raté trois fois),
encre préparée
toile libre 160x120cm
avril 2017



Apparition et disparition de la forme
encre préparée sur toile
120x160cm, avril 2017



J'ai la dimension de ce que je vois
encre préparée et aérosol fluorescent
toile libre, 140x110cm






J'ai la dimension de ce que je vois, 72 cases
encres sur papier 300g 50x65cm




J'ai la dimension de ce que je vois, 121 cases
encres sur papier 300g 50x65cm

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Quelques courts fragments
d'un texte en cours d''écriture,

sans correction ni mise en page : 

(...) Nos membres tombent et notre dos se courbe. Nous cassons de l’intérieur. Il se demande si il y a quelque chose à faire. Ou se retiens à tout ce qui pend. Nous nous entamons de l’intérieur. Je grappille un peu plus d’espace encore au fond. Je ne suis pas unique. Il y a quelque chose à dire, quelque chose à retenir. Notre départ reporté. Nous débutons encore. Parfois la nuit est terrible nous hurlons de larmes hors du cauchemar de la réalité. Tout est montage. Sédimentation. Un corps, une forme, l’existence matérielle. Ce sont les ronces communes. «Alors nous viendrons mettre le feu, répandre le soufre, il faudra laver le sol, ouvrir les portes, faire de la lumière.» (...) 

(...) La perception du temps peut coïncider avec l’appréhension des espaces. Il mène une vie de moine, son désengagement est total, dieu semble absent. Elle cherche dans le sol les friches, les lambeaux, elle cherche ce qui est partout, diffus, fragmenté. L’éclipse est l’omission décidée. Il y a le gouffre aux arbres. Le pont en dessous. Ce lieu sans nom. Ce qui nous est offert: le service encore. Des tâches incompréhensibles, l’absurdité partout. Nos propres tares, les roches que nous sommes. Si l’humour est devenu sadique, ou la vengeance. Les peurs guident les coups jusqu’aux choix. Ne rien mentir. Attentif, mon présent ses présents, ne sont qu’une succession de disparitions, la diminution constante des espaces, des corps.  (...)

(...) C’est la démission qu’il faudrait prendre à bras le corps. La passion serait de péter des systèmes. J’erre. Je m’en vais. Je suis en vie. La poésie est bouchée. Mais il manque l’amour. Et l’amour ce n’est pas forcément la joie. On nous range, mais le rang ne tiens pas. Elle nous rend le sommeil impossible d’un repos. Écrasé en soi. La vie diminuée. On commence par se faire repérer. Puis se répare ensuite. Nous sommes en ligne. Mon recul ma bouteille mon absence ce culot. Partout le libre échange du mépris. On a fabriqué l’écart social, l’école. Il fait des séries d’images, des collections. La fragilité des échanges impossibles, le son à fond, un cortège un corps, bloquer les routes, partager le thé, le centre, la rocade, creuser à la pioche, déblayer, serrer le chien, tenir la crosse, jusqu’à la glotte, parler dans le vide, dans le tube, faire péter, dormir debout, on est dans la merde. Le droit de commencer et de compter, il y a. Le report d’une page manquante, déplacée. (...)

(...) On est la tête dans l’eau. Buttons. Nous remuons dans le froid. Je passe la porte. Le monde dispose de toi, un peu partout. Tu ne captes pas. Nous sommes hors réseau. Tu te demande le silence d’autrui. Sans mystique, sans gouvernement. Tu n’es pas courant. Nous avons changé de siècle. Tu ne respire plus dehors, tu envoies des messages. Penché, penchant, tombant, cassable. La faim donne froid, notre commune condition. Qui te dit de l’autre. En te remerciant. Notre cœur est enfant. Le trou d’eau déborde en lac dans le champs. On part de là.  Un corps ce trou. Le monde est en crue, les pensées débordent. D’ailleurs, je ne suis d’ici. Je vais prévenir le feu que la pluie menace comme l’ennemi. Je vais observer d’où je suis. Je vais attendre. Je vais mourir comme le soleil chaque soir. J’étalerai la terre entre mes doigts.  (...)

(...) D’ici on ne voit pas grand chose. Au sommet c’est le vide, à la cime on s’enterre. Nous sommes plusieurs à distance. Sur place nous sommes seuls. Sans classe, sans droits. Le printemps crève, la pourriture se développe, dans l’humidité d’une vieille bâtisse, où les fondations sont un charnier. On ne dors pas serein sur un tas de morts. C’est cet enfant qui n’en fini pas de vieillir. Il y a un blouson noir à l’intérieur de lui. Air huileux et collant. Vent solide. Une toux grasse et épaisse. Nous sommes à portée de langue. On appuie. On creuse. On va chercher. Tout petit témoin de son temps. Témoin de la chute possible des siècles. De l’écroulement des formes. Nous nous mêlons au monde comme à la terre. Nous retournons le temps. Je ne suis pas la nature. L’eau est ce corps incandescent en moi.  (...)

(...) Des lumières étouffantes contournent des édifices obsolètes, on y mange une nourriture neutre, dans un environnement propre, clinique, froid. Les pierres sont démontées, puis remontées, on les met en musée, pour se souvenir, que d’année en année, nous prenons soin grand soin, de mettre de côté. Passion dominante, oublie. Les colons ont apportés avec eux les armes et le poison dans lequel nous nous abîmons, nos forces s’amenuisent, nous nous séparons des fantômes qui font notre mémoire, les colons nous confisquent nos chants, nos enfants, notre langue, les sols que nous traversons, les terres avec lesquelles nous partageons nos cycles, nos tourments. C’est une chaleur épaisse qui nous borde. Le calme pendant la pluie. Pour avancer je dois franchir les flaques, sortir, quitter le sentier, préférer le silencieux des mousses et des herbes, aller d’arbre en arbre, au plus prêt de l’eau. Longer encore écouter, tomber, nez à nez, avancer lentement pour ne pas déborder, ne pas déborder pour ne pas laisser de trace, cette fois, passer, jouer à ne pas être, jouer à disparaitre. Accompagné de solitude, rejoindre la pluie, aller vers le vent, marcher encore. (...)

(...) La photographie montre quelque chose de la scène qui a été, à l’instant, dont nous étions séparé. Silence encore, photographie, communisme. Le commun n’est pas collectif. La nuit prolonge le jour et nos jeux. Mes souvenirs sont de feu, passions errantes. Le compromis situationniste selon Jorn n’était pas de choisir l’un ou l’autre, mais les deux. Qu’est l’un, et l’échappé de l’autre, et l’autre à se perdre dans la recherche de l’un. Les symboles sont sous nos yeux. Mon travail est temps plein : m’extraire des pouvoirs, échapper à toute sorte de nécessite, vivre si peu, jeune et déjà inquiet, libre mais partout courbé. (...)

(...) J’ai arraché l’herbe avec mes mains, j’ai rongé la graine et craché sa coque, j’ai bien su patienter, j’ai enfoncé un clou dans le goudron chaud de la route. Tous partaient en vacances, nous encore, patientons sans attentes. Il n’y avait rien, ce à partir de quoi il fallait partir. Nous faisions des tours, nous tournions en rond, aptes, enfants, à penser le monde et notre condition, nous tournions en rond aux yeux de tous, pour montrer malgré nous, dire, donner à voir, sans vouloir, nous faisions signe, nous faisions comme, mimes ou miroirs, nous tournions. La cours de la cité était semblable à la cours de l’école était semblable en forme aux tours de stade étaient semblables à la cours de la prison était semblable, nous comme eux, habitants fugitifs, exilés de l’agora. (...)

(...) J’ai passé la nuit presque entière au pied d’un chalet perdu serrant mes jambes contre mon torse, rassuré d’être loin de leur fête, rassuré d’être seul face à cet arbre mutant, nous dialoguons dans le silence. Je ne bougeais pas mais j’observais se changer devant moi son tronc, le balais de ses branches, de ses feuilles, se changer, muter, feindre, faire le miroir, donner une forme à la fuite. Il y avait une musique binaire, martiale, étouffante, les sourires étaient carnassier, chaque geste devenait possiblement nocif, la lumière artificiel des lampes à led venait s’imprégner sur ma rétine et ma vue décomposait ce spectre terrible de la réalité. Tout devenait fragment, facette, coupure, tournoyant des horizons vides sur lesquels on aurait plaqué des couleurs criardes. Je me souvient avoir marché comme traversant une obscurité sans bornes, mes deux mains tendues face à mon corps incertain. L’eau avait disparue, tout était sec et retourné, la terre un champs de bataille le champs un amas de boue et de défections porcines. (...) 

(...) C’est ici, un ailleurs à construire. Hors des sentiers, constats de friches, avancer, butter, traîner l’ennuie, la mélancolie traversante. Les montagnes n’ont rien montrées, le présent est composé, le présent est collision, collision permanente, multiple, présents multiples, présent situé. Notre commun est l’invisible. (...)

(...) Qu’as tu gagné aujourd’hui. Les affairistes gouvernent. Peux tu faire autre chose que de penser à ne pas perdre, ou pire encore, à réussir. Tu as réussi, tu y es arrivé, tu es arrivé. Le langage passe. Ton langage. Nous perdons les mots, au profit de machines, de langues objectives, mais l’objectif est impossible, c’est ce que nous écrivons. La société civile est patiente. Les lois les obligations les règles les sentences, sont ordonnées. La paix, partout, est organisée. L’argent règne d’un sourire niais, satisfait. Loin de la ville, des grèves, des lits, des tires-jarrets, refusent en silence, patientent une révolte. On imite les loups, quand le décors s’y prête. J’ai la dimension de ce que je vois. Le vent se jette sur les arbres les feuilles bruissent et ce long frottement devient le courant de l’eau, un torrent. Grenouille. Frottement des feuilles entre elles, long ronflement, innommable présence. Le vent souffle et change l’arbre en eau. Voir un arbre. Voir l’eau. S’étendre aux deux. Nous sommes retourné là où les deux eaux se rejoignent, le courant était amoindri. On ne sentait plus la violence de l’eau contre le visage, le courant était amoindri. Remonter le courant, chercher la source, perdre ses dimensions. Il n’y avait pas eu de pluies depuis des mois et la sécheresse occupait tout, jusqu’aux affectes, plus de compassion. Une guerre latente. (...)

(...) La capitale est construite sur un réseau de crânes, un réseau d’os et de pierres, on sillonne les souterrains. Nous croisons nos morts, au dessus la ville s’affaire, en dessous tous échappent, rejoignent des galeries de sable. Creuser avec les mains et une tige d’acier. Trouer la terre faire un puy tasser le fond, y déposer le purin avec les doigts tapisser le fond déposer le pied recouvrir entourer de terre enterrer mettre en terre, pied légèrement incliné, tasser un peu reproduire le  geste cinquante fois respirer, se lever, remplir l’arrosoir, d’eau arroser, donner l’eau, mettre l’eau, mettre à l’eau, faire pousser le pied planté. Le dos courbé comme la tige. Tirer, s’étirer, extirper la terre de la terre pour y loger la pousse. Chaque phrase comme une amorce. À la petite cime du talus on creuse. C’est l’exil des électeurs.  (...)

Passe-montagne ou Amorces
écriture débutée entre avril et mai 2017.
La forme fragmentaire correspond ici à une suite d'extraits.
La forme du texte intégrale est encore indéfinie.

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Une légère mise à jour sur le site : http://www.justindelareux.fr
( sections bio, journal, à venir )

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à bientôt,
et merci à ceux qui passent par ici,
ce site d'archives a 10 ans cette année.